Le stealthing : retrait du préservatif sans permission

Bien qu'il soit souvent perçu comme une simple violation de confiance, le stealthing peut avoir des conséquences physiques et émotionnelles sérieuses. Dans cet article, la LOVE Team explorera ce qu’est le stealthing, pourquoi il pose problème, et comment vous protéger contre cette pratique.

Le stealthing désigne l’acte de retirer un préservatif pendant un rapport sexuel, sans en informer son partenaire ou sans son accord. Contrairement à un retrait consenti, cette pratique se fait de manière unilatérale, généralement dans l'intention de satisfaire des désirs personnels (tel qu’une fétiche de l'imprégnation) ou de prendre des risques sans en assumer les conséquences. En règle générale, les relations sexuelles protégées reposent sur un accord mutuel, où chaque partenaire s’engage à respecter la sécurité de l'autre. Le stealthing, en retirant cette protection sans prévenir, trahit cet accord et enfreint la confiance placée dans la relation.

Ce comportement est devenu un sujet de discussion de plus en plus important, notamment en raison de son caractère insidieux et de son manque de visibilité dans le débat public. Souvent, la victime ne réalise même pas ce qui se passe avant que le rapport soit déjà bien entamé, ce qui rend l’acte encore plus dangereux et difficile à prévenir.

Le retrait non consenti du préservatif expose immédiatement la victime à plusieurs risques importants. D’abord, il y a un risque évident de transmission d'infections sexuellement transmissibles (IST), comme le VIH, l'herpès ou les hépatites, car le préservatif est une des principales protections contre ces infections. En enlevant cette protection sans avertir l’autre, l’agresseur prive son partenaire du contrôle sur sa propre sécurité sanitaire.

Outre les risques physiques, le stealthing peut avoir des conséquences émotionnelles. La victime peut se sentir trahie, honteuse et humiliée, parce qu'un acte sexuel devrait toujours être fondé sur le respect et la communication. L’absence de consentement dans ce contexte peut aussi perturber profondément la confiance dans une relation, et laisser des séquelles psychologiques durables. De plus, une grossesse non planifiée peut aussi être le résultat du retrait du préservatif, ajoutant encore une couche de stress et de responsabilité indésirable pour la personne lésée.

Enfin, le stealthing est un acte qui va à l'encontre des principes de l’intimité, où chaque personne devrait être libre de choisir ce qui se passe avec son corps. En supprimant cette liberté, le geste devient une violation de la dignité et de l’autonomie personnelle.

Bien que cela puisse sembler évident, il est important de souligner que le stealthing peut être considéré comme un crime, selon les législations en vigueur, y compris en France. En effet, le retrait d’un préservatif sans consentement viole le principe du consentement sexuel et peut être interprété comme une forme d'agression sexuelle. Le Code pénal français considère qu’un acte sexuel sans consentement est une agression, punissable par des peines de prison et d’amende.

​L’article 222-23 du Code pénal précise que l’agression sexuelle, qui inclut tout acte sexuel commis sans le consentement de la personne, peut entraîner jusqu'à 5 ans de prison et 75 000 € d’amende. Bien que le stealthing ne soit pas explicitement mentionné dans la législation, il peut être traité comme une violation de l’intégrité corporelle et du droit à la protection, ce qui expose les auteurs de ce geste à des poursuites judiciaires.

L’enjeu juridique du stealthing est en évolution, avec une prise de conscience croissante de l’importance du consentement dans la vie intime. Les victimes de stealthing ont la possibilité de porter plainte et de se tourner vers la justice pour obtenir réparation en cas de préjudice physique, émotionnel ou moral. En cas de transmission d’une infection sexuellement transmissible (IST) ou d’une grossesse non désirée, les conséquences légales peuvent être encore plus graves, ce qui témoigne de la gravité de cet acte.

Se protéger du stealthing commence par une communication ouverte et honnête avant et pendant l’acte sexuel. Il est indispensable de discuter des attentes et des limites de chacun, en particulier en ce qui concerne l'utilisation de protections. Il faut s'assurer que le préservatif sera porté tout au long du rapport, et que le respect de cette condition est garanti.

Les personnes qui craignent de devenir victimes du stealthing peuvent envisager d’autres moyens de se protéger. Par exemple, il est possible de vérifier le préservatif avant l’acte pour s’assurer qu'il est bien en place et qu'il ne risque pas d'être retiré à l'insu de l'autre. Dans le cas où l’on se sent mal à l’aise ou suspecte une situation de non-respect, il est conseillé d’interrompre immédiatement l’acte et de discuter de ce qui se passe. Il faut se rappeler que chaque personne a le droit d'arrêter un rapport à tout moment si elle se sent en danger ou mal à l’aise.

L’éducation sur le consentement et le respect des frontières personnelles doit être renforcée dans les conversations autour de la sexualité. Un environnement de confiance est la meilleure protection contre cette forme d’agression, et il repose sur des principes de transparence et de respect mutuel.

Si vous êtes victime de stealthing, il vous faut prendre des mesures à la fois sur le plan physique, émotionnel et juridique.

Sur le plan physique, la première étape consiste à consulter un médecin ou un centre de santé pour vérifier les risques liés aux infections sexuellement transmissibles (IST) ou à une grossesse non désirée. Un test de dépistage est recommandé pour détecter toute IST, et une contraception d’urgence peut être envisagée si la grossesse est une préoccupation.

D’un point de vue juridique, les victimes de stealthing peuvent porter plainte auprès des forces de l'ordre ou directement auprès du procureur de la République. Il est également possible de déposer une plainte pour agression sexuelle, même si cette forme de violence n'est pas explicitement mentionnée dans la loi, car elle entre dans la catégorie des atteintes à l’intégrité corporelle et à l’intimité sexuelle. En outre, des associations spécialisées dans les violences sexuelles peuvent vous accompagner dans ces démarches légales et vous orienter vers les ressources nécessaires pour faire valoir vos droits.

En parallèle de la plainte, vous avez aussi le droit de demander des conseils juridiques gratuits auprès d’un avocat, notamment grâce à l’aide juridictionnelle, qui vous permet d’être assisté sans frais si vos ressources sont limitées.

En ce qui concerne le soutien psychologique, rappelez-vous que le stealthing est un acte traumatisant. Des professionnels de la santé mentale, comme des psychologues ou des conseillers spécialisés, peuvent vous apporter le soutien nécessaire pour traiter les effets émotionnels de cet acte. Vous pouvez aussi contacter des associations d'aide aux victimes pour recevoir un accompagnement psychologique et juridique personnalisé.

Le soutien et les recours existent pour vous aider à surmonter cette expérience et à obtenir justice.

Le stealthing est une pratique dangereuse qui viole les principes du consentement et de la sécurité dans une relation intime. Il est indispensable de sensibiliser à cette problématique, de renforcer les discussions autour du respect des limites et de protéger ses droits à travers une communication claire et un soutien juridique adéquat. Si vous êtes victime de stealthing, rappelez-vous que vous n'êtes pas seul et qu'il existe des ressources pour vous accompagner et vous protéger. Prenez soin de vous et de votre bien-être, et n'hésitez jamais à demander de l'aide si vous en avez besoin.