Hatefuck : est-ce sain de coucher avec quelqu'un qu'on déteste ?

Publié le 19 février 2025 par Natalia
Hatefuck : est-ce sain de coucher avec quelqu'un qu'on déteste ?

Vous est-il déjà arrivé de ressentir une attraction irrépressible pour quelqu’un que vous ne supportez pas ? Ce mélange explosif de colère et de désir, c’est ce qu’on appelle le « hatefuck ». Aussi envoûtant qu’inquiétant, ce concept soulève de multiples questions : est-ce sain de laisser la rancœur et l’attirance se mêler ? Quelles limites poser ? Et surtout, comment gérer l’après ?

Hatefuck : de quoi parle-t-on, au juste ?

Le hatefuck, c’est le fait de coucher avec une personne qu’on ne peut pas encadrer, et ce, dans un élan de tension sexuelle nourrie par la rancœur ou la colère. Le paradoxe ? La répulsion côtoie l'attraction, générant une dynamique électrique et susceptible de virer à l’explosif.

On retrouve régulièrement ce scénario dans les séries, la littérature ou les fanfictions, où deux personnages que tout oppose finissent inévitablement dans le même lit. Cette dynamique « je te hais, mais je te veux » peut titiller l’imaginaire, car elle évoque d’outrepasser l’interdit.

Ce qui rend le hatefuck (très) excitant

La première raison qui explique l’engouement pour ce type de rapport est l’adrénaline de la confrontation. Quand la colère gronde et que le cœur bat la chamade, il devient parfois difficile de distinguer la rage du désir. Cette pulsion peut alors prendre des allures d’interdit, décuplant l’excitation.

Ensuite, il y a la catharsis érotique, c’est-à-dire l’idée de “vider son sac” par le biais de la sexualité. Cette forme de “défouloir” peut offrir un sentiment de soulagement, même si elle soulève aussi la question du prix à payer par la suite. On s’autorise à explorer une part d’ombre qui, dans d’autres contextes, resterait peut-être enfouie.

Enfin, l’idée de céder à une pulsion envers quelqu’un que l’on hait, ou du moins que l’on prétend haïr, provoque un sentiment de provocation et d’interdit terriblement attirant. Plus la tension est forte, plus l’envie s’intensifie, comme un aimant inversé qui devient soudain irrésistible.

Les risques : quand la tension devient toxique

Si le hatefuck peut sembler grisant, il n’en demeure pas moins risqué. La limite entre jeu érotique et violence peut être floue, surtout lorsque la rancœur est réelle. L’un des plus grands périls est de franchir cette ligne. Quand la base d’une relation sexuelle est la colère, il suffit parfois de peu pour que les rapports de pouvoir se déforment, débouchant sur des comportements abusifs ou humiliants.

La confusion émotionnelle est aussi à considérer. Après un tel rapport, on peut ressentir de la honte, de la culpabilité, ou même un profond malaise : on se demande pourquoi on s’est livré à cette personne qu’on ne supporte pas, ou pourquoi on a eu besoin de ce défouloir. Enfin, jouer avec la haine et l’intimité peut affecter l’estime de soi à long terme. En banalisant le conflit dans la sexualité, on risque de maintenir, voire d’entretenir, des dynamiques relationnelles toxiques.

Comment tenter un hatefuck sainement : conseils pratiques

Pour celles et ceux qui envisagent malgré tout d’explorer ce terrain miné, quelques précautions s’imposent :

Clarifier ses motivations

Avant de franchir le pas, prenez un instant pour analyser la nature de votre envie. Est-ce le résultat d’une colère que vous n’arrivez pas à exprimer autrement ? Cherchez-vous à vous venger, ou s’agit-il d’un réel désir partagé par l’autre ? Mettre des mots sur ces émotions permet d’anticiper les conséquences potentielles.

Définir un cadre

Même si la communication peut sembler paradoxale dans un contexte où la haine est présente, elle reste indispensable. Établissez clairement vos limites, qu’elles soient d’ordre physique (gestes à proscrire), verbal (insultes ou dénigrements jugés inacceptables) ou émotionnel (pour éviter une escalade incontrôlée). Un safeword ou un geste convenu peut aider à marquer un arrêt immédiat si les choses dérapent.

Choisir un lieu “neutre”

Si possible, évitez d’associer votre espace personnel (chambre, appartement) à ces ondes négatives. Un lieu neutre permet de dissocier ce type d’expérience de votre quotidien, limitant les répercussions psychologiques. Vous protégez ainsi, autant que faire se peut, votre “chez-vous” et vos rituels de bien-être.

Gérer l’après

Il est essentiel de prendre aftercare, même brièvement, pour vérifier que chacun a bien vécu l’expérience. Que s’est-il passé ? Comment vous sentez-vous ? Quelles émotions ressortez-vous de ce moment ? Cette discussion peut aider à décharger une part de malaise, à éviter les non-dits et à décider si vous souhaitez ou non renouveler l’aventure.

Le hatefuck est un cocktail mêlant passion et aversion, susceptible de produire des étincelles — parfois fascinantes, parfois brûlantes. Si vous choisissez de vous y essayer, soyez conscient·e des pièges et accordez-vous le droit de poser vos limites ou de faire machine arrière. Quoi qu’il arrive, n’oubliez jamais que votre bien-être physique et émotionnel reste prioritaire, et que le consentement est une composante non négociable, même dans la plus intense des confrontations.