« Pourquoi est-ce que le cunnilingus ne me plaît pas ? » C’est une interrogation qu’on n’ose pas toujours formuler, de peur de paraître anormal.e ou de heurter la sensibilité de son ou sa partenaire. Pourtant, beaucoup de personnes se sentent mal à l’aise avec cette pratique. Les raisons peuvent être psychologiques, physiologiques ou simplement liées aux préférences personnelles.
Le fait de ne pas apprécier le cunnilingus n’a rien de honteux en soi : chacun et chacune a le droit de poser ses limites. Ce qui compte, c’est de comprendre d’où vient ce blocage pour savoir s’il est passager, s’il peut être surmonté ou s’il doit juste être accepté comme un trait de sa sexualité.
Au-delà des discours de magazines ou des attentes supposées dans un couple, il est bien de rappeler que le plaisir demeure une expérience intime, qui ne se commande pas. Si vous ressentez de la gêne, du dégoût ou un simple désintérêt, ce sont des signaux importants à écouter. Loin d’être un simple caprice, ces réactions témoignent souvent d’un besoin plus profond de confiance, de compréhension ou de redéfinition de son rapport au corps et à la sexualité.
Les blocages qui empêchent d’apprécier le cunnilingus
Le cunnilingus suppose une certaine intimité, plus encore que d’autres pratiques sexuelles. Sentir le visage de l’autre si proche de sa vulve peut susciter des pensées parasites : comment l’autre me perçoit-il ? Mon odeur est-elle agréable ? Suis-je normal.e ? Ces inquiétudes, combinées à la crainte d’être jugé.e, créent généralement une tension qui rend le plaisir difficile, voire impossible.
D’autres personnes ressentent un manque de sensation à ce niveau. Peut-être que le contact buccal n’est pas suffisamment stimulant, ou que les mouvements ne correspondent pas à leurs préférences. Il se peut que la sensation humide des lèvres ou de la langue provoque une forme de dégoût, car tout le monde n’a pas la même tolérance sensorielle. Parfois, ce n’est pas tant le cunnilingus en lui-même qui dérange, mais plutôt le fait de se focaliser sur cette zone avec une telle intensité.
Une autre source de blocage peut être liée à la perception de la propreté ou de l’hygiène. L’inquiétude de ne pas être assez propre ou l’angoisse liée aux sécrétions vaginales peuvent créer un malaise qui, là encore, empêche le relâchement. Or, sans une vraie détente, difficile de ressentir du plaisir.
L’impact de l’état émotionnel et psychologique
La sexualité ne se limite jamais au seul acte physique : elle engage l’esprit, le ressenti et l’histoire personnelle. Si vous avez vécu des moments difficiles, voire des traumatismes, liés à la sexualité, il se peut que le cunnilingus déclenche des rappels désagréables ou des résistances inconscientes. Même sans aller jusqu’à la notion de traumatisme, certaines personnes peuvent associer le sexe oral à une forme de soumission ou de vulnérabilité qui les met mal à l’aise.
Il arrive aussi que le regard sociétal participe à la pression. La performance érotique présentée dans certains médias laisse croire que tout le monde devrait apprécier sans réserve chaque pratique sexuelle. On associe parfois le cunnilingus à un moment particulièrement excitant, censé déclencher une jouissance quasi immédiate. Si, dans les faits, cette jouissance n’arrive pas, on peut éprouver de la culpabilité, de la honte ou avoir le sentiment d’être défaillant.e. Une fois cette spirale négative enclenchée, la simple idée de recevoir un cunnilingus peut générer du stress plutôt que du plaisir.
Quand la physiologie s’en mêle
Les causes physiques jouent un rôle décisif dans le plaisir. Certaines personnes ressentent des douleurs lors de stimulations orales, surtout si elles souffrent de vaginisme, d'endométriose, d’irritations chroniques ou d’infections répétées. Dans ces situations, l’acte buccal peut être perçu comme une agression de la zone, encore plus sensible, voire inflammée.
Il ne faut pas négliger la question des fluctuations hormonales qui peuvent également influer sur la libido et sur la sensibilité de la vulve ou du clitoris. À certains moments du cycle, le corps réagit différemment aux caresses, et ce qui était agréable un jour peut devenir gênant quelques jours plus tard.
Par ailleurs, la technique de la personne qui fait le cunnilingus a son importance. Un mouvement trop rapide, une pression insuffisante ou excessive, un manque de communication pendant l’acte… autant de facteurs qui peuvent faire passer à côté du plaisir. Si les langues et les caresses ne correspondent pas à vos préférences, il est normal de ne pas réussir à apprécier.
Communication et consentement
Face à une pratique qui ne procure pas de plaisir, le réflexe le plus sain est d’en parler. Pourtant, beaucoup de couples évitent la discussion sur les questions intimes par peur de froisser ou de vexer. Dans le cas du cunnilingus, c’est d’autant plus sensible que la personne qui le pratique peut le voir comme un geste d’affection ou un « cadeau » sensuel. Exprimer qu’on ne ressent pas ou peu de plaisir peut sembler délicat, voire culpabilisant pour l’autre.
Cependant, sans communication, la frustration risque de s’installer des deux côtés. De votre côté, vous pouvez ressentir de la gêne ou de l’ennui à subir une pratique que vous n’aimez pas. Du côté de votre partenaire, il peut y avoir une incompréhension qui, à terme, peut miner la confiance. Mettre des mots sur son ressenti, expliquer que ce n’est pas contre l’autre, mais simplement un mal-être personnel ou une absence de satisfaction, voilà qui peut déjà alléger la pression.
Comment (ré)apprendre à aimer ou accepter le cunnilingus ?
Il arrive que le blocage soit temporaire, ou lié à des facteurs précis comme le stress, la fatigue ou une gêne passagère. Dans ces cas, une exploration en douceur peut aider : prendre le temps d’expérimenter différentes positions, de guider la personne qui donne le cunnilingus vers des pressions ou des rythmes qui vous conviennent, ou encore d’alterner avec d’autres caresses pour ne pas rester focalisé sur une zone unique.
Pour mieux cerner ses sensations, certaines personnes font appel à l’auto-exploration (masturbation, utilisation de miroirs, etc.). Connaître son anatomie et sa sensibilité est un pas important vers un plaisir plus conscient. Si malgré tout la gêne demeure, un suivi auprès d’un sexologue ou d’un thérapeute de couple peut s’avérer utile. Ces professionnels peuvent aider à dénouer des croyances limitantes, des peurs ancrées ou des traumatismes, et proposer des exercices pratiques adaptés à chaque situation.
Les alternatives quand ça ne plaît vraiment pas
Même si le cunnilingus est très valorisé dans l’imagerie érotique, il n’est pas essentiel à une vie sexuelle épanouie. Vous pouvez parfaitement ressentir de l’excitation et de l’orgasme par d’autres moyens : how-to-finger-a-woman, utilisation de sextoys, massages sensuels, pénétration (avec ou sans préliminaires), baisers sur d’autres zones érogènes, etc.
L’important est de garder une forme de complicité et de créativité sexuelle. Si le cunnilingus reste un point bloquant, inutile de vous forcer ou de considérer cela comme un « manque » qui gâcherait tout. Bien des couples trouvent leur équilibre et leur plaisir commun dans des pratiques qui leur correspondent mieux.
Ne pas aimer le cunnilingus n’a rien d’anormal, ni de condamnable. Chaque corps, chaque tête et chaque histoire sont différents. L’important est d’identifier si cette aversion vient d’une peur, d’un manque de technique ou d’un besoin plus profond de protection et de confiance. Parfois, un simple ajustement ou une meilleure communication peut atténuer, voire supprimer ce malaise. D’autres fois, il s’agit d’accepter qu’une pratique ne nous convient pas et d’assumer ce choix sans culpabilité.
La sexualité devrait rester un espace de plaisir et de bien-être, dénué d’obligation ou de mise en scène forcée. En osant dire à votre partenaire ce que vous ressentez, vous vous offrez la possibilité de construire une intimité basée sur l’écoute, la complicité et le consentement. Qu’il s’agisse d’un blocage provisoire ou d’un refus plus définitif, vous seul(e) savez ce qui convient à votre corps et à votre esprit. Ce respect de soi est souvent la première étape vers une vie sexuelle plus épanouie.